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larouge administrateur inscrit le 10/11/2008 ![]() |
le 06/12/2008 à 16:29:40
enrique amorin
URUGUAY] (Salto Oriental, 1900 — Montevideo, 1960). Poète (Visitas al cielo, 1930 ; Quiero, 1953). Dans ses contes et ses romans, il sort du cadre traditionnel de la littérature gauchesque pour décrire avec vigueur la réalité du monde rural : La Roulotte (1929), El paisano Aguilar (1934) et El caballo y su sombra (1941). Son ambition étant de saisir la totalité de la vie uruguayenne, aussi se tourne-t-il après 1940 vers le roman urbain, social et politique : La luna se hizo con agua (1944), La victoria no viene sola (1952), Todo puede suceder (1955) et surtout La desembocadura (1958), évocation ambitieuse de toute la vie de l'Uruguay à travers la peinture d'une saga familiale. Il a également collaboré à une dizaine de scénarios de films. — Présentation de Buenos Aires, choix de récits, traduit de l'espagnol par Francis de Miomandre. [Paris], Éditions R.-A. Corréa, 1938, 208 p., épuisé. — La Roulotte (La carreta, 1929), roman, traduit de l'espagnol par Francis de Miomandre. [Paris], Éditions Gallimard, « La Croix du Sud », 1960, 256 p., épuisé. |
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Le paysan aguilar (Broché)
de Enrique Amorim, Denise Laroutis (Traduction) Editeur(s) : Patino Collection : CULTURE LATINO Genre : ROMAN CONTEMPORAIN Date de Parution : 28/11/2006 Texte d'origine espagnole traduit par Denise Laroutis Présentation : Broché - 152 pages - 300 g - 14 cm x 20 cm ISBN : 2882130422 - EAN : 9782882130426 Uruguay, années 1920. L'immensité de la pampa sous la coupole du ciel. Pancho Aguilar, après des études à la capitale, décide de reprendre l'estancia de ses parents. Impitoyablement confronté à la nature, aux forces telluriques, aux dettes et aux intrigues politiques, il va devoir faire sa place dans ce monde rural qu'il connaît pourtant bien, mais où il se retrouve étranger. Dans des scènes saisissantes, Amorim nous peint l'Uruguay de la campagne et celui des petites villes, le choc des mentalités, les rivalités locales, les mutations économiques et les bouleversements politiques. Dans la lignée des romans latino-américains traitant le thème emblématique de l'opposition des villes et de la campagne, Le Paysan Aguilar met en scène les différents acteurs de la société uruguayenne : les estancieros, les métis, péons, troperos et filles de service, les contrebandiers, les vendeurs de bestiaux, la petite bourgeoisie des villes, les prostituées des " pensions ", les politiciens de la capitale, où tout se joue... Véritable scénario de cinéma où la pampa, avec ses étendues à perte de vue, impose la beauté terrible de sa présence, le texte d'Amorim, dans une langue serrée et intensément poétique, immortalise, en une vision réaliste et tragique, un monde à la fois violent et sensuel. Premières lignes Ses journées s'entassaient maintenant l'une sur l'autre, comme des fourchées de foin sur l'amoncellement de la meule. Le lendemain de son arrivée, il avait fait couper l'herbe folle, qui avançait jusqu'à la porte de la cuisine. Et il resta plus d'une semaine à la fenêtre de sa chambre, sans rien faire, à regarder sa terre, parfois à travers la fumée de sa cigarette. Les champs, la forêt, la rivière; la route fichée dans l'horizon comme un coin. Dans le vieux bureau, il trouva un Grand Livre de comptabilité marqué par l'usage. Il découpa un morceau de papier, au format d'une carte de visite, qu'il colla sur la couverture. Puis il écrivit en caractères typographiques : «FRANCISCO AGUILAR. - ANNÉE 19...» - Sous cette étiquette impeccable demeureraient à jamais, jauni et caché, le nom de son père et une autre date : «ANNÉE 18...» Sur la table, de poussiéreux carnets sur lesquels figurait partout le nom de l'estancia : «EL PALENQUE», en caractères d'imprimerie, et «El Palenque», que son père avait tracé de son écriture maladroite, capable de le faire rougir. Il ne trouvait aucun plaisir à fouiller dans ces documents, à se plonger dans la rigoureuse administration paternelle. Mais il ne parvenait pas à détourner le cours de ses souvenirs, à ne pas laisser affluer les scènes de son enfance. Cigarette aux lèvres, il ne tenait pas en place, s'éloignait de la maison de pierre et gagnait d'un pas lent celle de brique, à cinquante mètres à peine. C'est là que s'étaient écoulés les jours heureux de son adolescence, ses yeux toujours rivés sur la grande maison, maintenant vétusté et austère demeure aux murs couverts de lichens et de mousses. Une galerie basse, orientée à l'ouest, dans laquelle entrait un soleil couchant affaibli, quand retombait la chaleur des jours de canicule. Au nord s'ouvrait une cour généreuse, que les rayons du soleil hivernal pénétraient doucement et tiédissaient. Une cour dallée, où poussait, dans les interstices, une herbe chétive et laide, tel le cri d'un sol fertile obstiné à se manifester. Au milieu de la cour, le puits et sa poulie desséchée, avec la chaîne rouillée, en tas au pied de la margelle, qui en révélait la profondeur. message de la traductrice L'image qui me frappe, dans Le Paysan Aguilar, c'est l'estancia tapie sur la pampa, lumière vacillante aperçue, le vide humain autour, le grand ciel au-dessus. On les voit : riches éleveurs ou pauvres péons, ces gens n'ont de moyen, pour survivre, que de se soumettre à la nature et, en même temps, d'inventer ce qui leur permettra, non pas de la dompter, elle est trop grande, mais d'en tirer ce qu'il faut. De poser leurs limites - clôtures -, de mesurer - propriétés, distances -, de compter - bêtes, descendance. Je vois dans l'ombre du palenque, poteau planté dans la pampa où le gaucho accroche ses harnais et son fouet, attache son cheval, le marqueur du temps. L'estancia dont il est question dans le roman d'Enrique Amorim a pour nom El Palenque. Le «paysan» Aguilar y revient dans son héritage. Assailli par le passé, il lutte pour le présent. Sera-t-il vaincu par l'immobilité de la terre et d'une société rurale figée dans sa langue et ses gestes ? Le roman rend compte, par sa composition cinématographique, succession de scènes et déplacement de caméra, du mélange de rural et d'urbain. Avant de passer au surgissement de modernité contemporaine, avec des questions d'actualité sur l'avenir de l'élevage uruguayen dans les années de la crise de 1929 (le roman est de 1934). Radio, voitures, cinéma, succession rapide d'images qui change votre regard et vous soûle. De l'ivresse de la vitesse à l'ivresse du vide, le paysan Aguilar ne sait plus où se retenir. Enrique Amorim (1900-1960), romancier, poète, journaliste, est tout ça à la fois dans ce roman traduit pour la première fois. Je sais ce que je dois à ce roman, et ce qu'il m'en a coûté. Denise Laroutis, la traductrice de l'ouvrage |
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